L’AVOCAT DES DOUKHOBORS OBSERVE UNE DÉSAGRÉGATION.
SASKATOON, 29 oct. – La mort de Peter Verigin, le chef de la communauté des Doukhobors au Canada, aura probablement comme résultat la désagrégation de l’une des plus grandes expériences communistes de l’histoire, selon Peter G. Makaroff, avocat doukhobor de Saskatoon.
Sous la dictature de Verigin, appuyée par la croyance de la plupart des 7000 personnes des communautés de Verigin en Sask. et de Brilliant en C.-B., selon laquelle il était la réincarnation du Christ, des biens évalués dans les millions ont été amassés, des industries florissantes ont vu le jour et des réfugiés sans le sou, exilés pour convictions religieuses et qui ont commencé à arriver au Canada de Russie en 1899, ont été unis en une puissante cellule. Il n’y a personne pour prendre sa place, dit-on, à cause de la vénération superstitieuse qu’on lui portait même s’il existe une infime possibilité que son fils, Peter, qui vit en Russie depuis les environs de 1907 et qui est âgé d’environ 40 ans, pourrait être choisi pour lui succéder. Il n’y a certainement personne au sein de la communauté canadienne qui pourrait même être considéré comme une possibilité pour assumer le leadership.
LE DÉFUNT CHEF VEILLAIT SUR TOUT
Les Doukhobortis, tel qu’on devrait les nommer, ont été incorporés sous la Universal Community of Christian Brotherhood Limited qui est propriétaire de tous les biens de la communauté. Aucun membre ne possède quoi que ce soit, même si plusieurs sont des actionnaires de la société. En théorie, les affaires de la société sont administrées selon la volonté des actionnaires, mais en réalité cette volonté était totalement sous la gouverne de Peter Verigin et son influence était suffisante pour aplanir les difficultés et apaiser les jalousies qui surviennent toujours au sein des entreprises communistes. Son principal assistant dans l’administration de la société était M. W. Cazakoff, homme d’affaires averti, mais celui-ci ne semble pas être un possible chef spirituel pour la communauté; celle-ci a absolument besoin d’un chef à la fois spirituel et administratif pour mener à bien ses affaires, selon M. Makaroff. La communauté a été la scène de dissensions dans le passé et des centaines de Doukhobors sont partis pour exploiter leurs propres fermes, mais seule l’influence de Verigin a réussi à éviter des schismes importants.
LES DOCTRINES ONT MENÉ À LA PERSÉCUTION.
Les principales croyances des Doukhobors sont le communisme international et le végétarisme, qui constituent selon eux des composantes essentielles du christianisme. Le premier de ces principes implique la doctrine de non-résistance et c’est ce qui a mené les Doukhobortis au conflit avec les autorités militaires de la Russie tsariste, à la persécution et à l’émigration dans l’Ouest canadien sur invitation du gouvernement canadien après que Verigin et quelques-uns de ses disciples eurent été exilés en Sibérie. Les Doukhobors ont été amenés au Canada en grande partie grâce aux fonds qui ont été amassés par Tolstoï et par les Quakers d’Angleterre avec qui les Doukhobors partageaient des croyances religieuses.
Leurs coutumes matrimoniales ne sont pas en accord avec les lois canadiennes, même si une réelle immoralité est pratiquement inconnue parmi eux. Parmi les industries qu’opère la communauté, on retrouve une scierie, une confiturerie et une manufacture de briques.