M. Bertram, s’adressant à la Chambre des communes
Je crois que la Chambre sera d’avis que le gouvernement mérite notre reconnaissance pour avoir adopté des mesures actives destinées à appliquer la loi dans le district du Yukon, afin de résoudre un problème qui venait d’émerger. Un nombre considérable de personnes s’y sont rendues l’année dernière et un très grand nombre s’y rendra cette année et il fallait agir dans le but de maintenir l’ordre public dans ce pays, et le gouvernement mérite des remerciements de la part de la population pour s’être occupé de cette situation et l’avoir redressée avec promptitude et générosité, résultat obtenu grâce particulièrement au ministre de l’Intérieur [Clifford Sifton] et aux actions qu’il a posées en ce sens. […] [N]ous tenons de source relativement sûre que de cinquante mille à deux cent cinquante mille personnes chemineront vers le territoire du Klondike durant l’année 1898. […] [S]i 100 000 personnes se rendent dans nos régions minières cette année, le volume d’activités qui sera engendré surpassera tout ce que le Canada a connu jusqu’ici […] il faut déployer tous les efforts possibles pour s’assurer que les activités commerciales du Yukon profitent aux Canadiens et n’enrichissent pas les Américains. […] La priorité du gouvernement doit être de s’assurer que les échanges commerciaux du Klondike transitent par la voie naturelle, soit le territoire canadien, afin que nous en récoltions les fruits [grâce à un chemin de fer traversant la Colombie-Britannique] […].
Nous savons tous que l’essor résultant des activités minières n’est pas éternel et, bien que je ne souhaite pas dénigrer les rapports de qui que ce soit, nous n’avons pas le droit de supposer que tout ce qui a été dit au sujet de ce territoire révèlera absolument vrai. Toute personne qui entreprend une quête de l’or n’en trouve pas nécessairement et nous pouvons affirmer sans crainte de nous tromper que bon nombre de personnes qui se rendront au Klondike seront déçues. L’an dernier, des milliers de personnes chargées de provisions ont franchi les montagnes et les cols de la région, et lorsqu’à ce nombre s’additionneront cinquante mille autres arrivants ou même cent mille, il est absolument nécessaire que des dispositions soient prises pour permettre à bon nombre d’entre elles de sortir du pays rapidement et en toute sécurité […]. Je n’ai nul besoin d’insister sur l’importance cruciale de construire dans cette région un chemin de fer à travers le territoire canadien, nul besoin non plus de m’attarder sur les immenses avantages que la population canadienne retirera du contrôle sur le commerce du Klondike; ces faits sont manifestes aux yeux de tous.
[G. H. Bertram, répondant au discours du Trône, Débats de la Chambre des communes, 4 février 1898]