UNE ÉPREUVE DE TROP.
L’acquittement de James Carroll, accusé d’avoir participé au meurtre des Donnelly, est déclaré au terme de poursuites qui, pour autant que nous puissions en déduire des ouï-dire, est une interprétation raisonnable de la preuve. Le verdict est celui d’un jury constitué d’hommes convoqués de différentes régions du pays et principalement choisis dans un effort de rattacher des préjugés raciaux et religieux à la cause du prisonnier; et, bien que ce verdict ait été rendu après un précédent sur lequel le jury n’était pas unanime, il est susceptible d’être universellement accepté. Considérant l’état actuel de l’affaire, nous suggérons à M. Mowat que, comme James Carroll est théoriquement passible d’être poursuivi pour le meurtre de chacune des autres personnes assassinées lors de cette horrible nuit chez les Donnelly, sa disculpation de cette accusation-ci devrait tenir lieu d’argument valable pour le disculper de toutes les autres. Le tort qui lui a été imputé – et le verdict a déclaré qu’il était en effet imputé à tort – par un long emprisonnement, devrait lui valoir la sympathie du procureur général. Cela est sans doute un motif valable pour que M. Mowat reconsidère le formulaire qui a permis la libération de M. Carroll sous caution – formulaire qui ne sert à rien jusqu’ici car il dépend de la comparution de l’homme à un procès éventuel; mais qui, d’autre part, est aussi cruel en ce qu’il lui a rendu sa liberté alors qu’il est catalogué comme meurtrier.
Le témoignage de Johnny O’Connor a été déclaré discutable par l’un des jurés et irrecevable par un autre, en ce qui concerne James Carroll. Que la raison en soit l’agitation du garçon au moment où il a été témoin des terribles scènes dont il parle, ou toute autre cause valable qui fasse en sorte que deux jurés de suite arrivent à ces conclusions, ce témoignage entendu par le procureur général est dit insuffisant pour obliger tous ceux qui ont été arrêtés sur ce témoignage à répondre des meurtres. En effet, le témoignage pointait plus directement et plus sûrement en direction de l’homme qui a été acquitté qu’en direction de tout autre. La sympathie que le procureur général devrait avoir envers ces hommes à cause de leur long emprisonnement, qui doit à présent être considéré comme un tort, mènera, nous en sommes certains, cet homme honorable et consciencieux à considérer très sérieusement s’il ne se rend pas coupable d’une cruauté gratuite et regrettable en consentant à assujettir la liberté qu’ils ont obtenue grâce au verdict du jury en l’affaire de M. Carroll, à un vain formulaire de cautionnement qui les a marqués d’un injustifié stigmate de meurtre.