Ordonnance de Claude-Thomas Dupuy sur la construction des maisons, 7 juin 1727.

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Ordonnance pour la Batisse des Maisons.

Claude Thomas Dupuy
Chevalier Conseiller du Roy En ses Conseils d’Etat et Privé, Maitre des Requestes ordinaire de son hôtel, Intendant de justice, Police Et finances dans toute l’Etendue de la Nouvelle france, Isles et terres adjacentes En Dépendantes.

C’est avec satisfaction que nous voyons le party qu’ont pris cette année la pluspart des personnes qui batissent dans la ville de Québec, de construire leurs maisons en Pierre, tant parcequ’a l’occasion de l’Incendie de la ville de Montréal et des fréquens incendies qui arrivent en celle de Québec, l’attention de mes Prédécesseurs avoit eté de défendre de Batir les maisons dans l’enceinte des villes autrement qu’en pierres et a deux Etages, Que parce que ces particuliers ont compris que la dépense n’etoit pas plus grande de bâtir en pierres que de bâtir en Bois en un Pays ou la Pierre est aussy commune que le bois, Et que cette maniere de batir leur donneroit des maisons plus solides, plus durables, moins penetrables au froid et au chaud, moins exposées aux accidens de leur propre feu, de celuy qui peut venir d’une maison voisine, ou d’un incendie plus general si le malheur en arrivoit. [...]

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C’est dans cette veüe Et pour cet effet que nous avons renouvellé les deffenses desja faittes et que Nous déffendons de Nouveau

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de Bâtir aucune maison dans les Villes et Gros

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Bourgs ou il se trouvera de la pierre commodement autrement qu’en Pierres; Déffendons de les batir en Bois, de piece sur piece, et de colombage quand même se seront pour les recouvrir et enduire de chaux et de sable.[...]

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Défendons de meler dans la Construction des murs de face de Pignons Exterieurs des maisons aucuns bois apparent comme Poitrail, l’inteau debout Et Poteaux d’huisserie, ou bien ces Quadres de bois assemblés dont on se sert icy et qu’on met tant en dehors qu’en dedans pour faire tout ensemble l’appuy, les pieds droits et les l’inteaux des Portes et des fenestres, sous peine de payer trois livres d’amende pour chaque porte et croisée ainsy garnies payables par le maitre maçon ou autre qui aura fait ces constructions depuis la publication de la presente ordonnance attendu que ces Bois qui sont capables d’attirer le feu et des Enflamer aisement dans les moindres incendies et de communiquer le feu aux autres parties de la maison; ou encore le désavantage den’etre plus d’aucun appuy, et de laisser crouler les parties de mur quils soutiennent sitost qu’ils ont eté atteints du feu [...]

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NousRenouvellons les déffenses si souvent réitérées Et déffendons Expressement de couvrir en Bardeau aucune des maisons qui se construisent actuellement dans les villes et dans les fauxbourgs des Villes, sous peine d’etre découvertes aux dépens de ceux a qui Elles appartiennent et de cinquante livres d’amende contre les Couvreurs qui les auront couvertes au préjudice de Nos déffenses. [...]

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Pour rendre même les toits d’une moindre dépense Et plus disposé a recevoir les secours nécessaires, Nous ordonnons qu’au lieu d’une grosse charpente ils seront faits de simples filieres ou pannes, et d’un seul faitage, portant sans assemblage, sur les murs de Refend et de pignon [...] sur lesquelles filieres ou pannes sera

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cloué de haut en bas une premiere couche de planches Embouvetées, lesquelles seront recouvertes d’une seconde couche de planches mises du sens contraire, Et de maniere qu’elles chevauchent de l’une sur l’autre comme font les Thuilles. Ces sortes de Couvertures coutent beaucoup moins que le Bardeau et durent bien d’avantage, Elles sont d’un bois qui resiste aux Etincelles qui sortent des cheminées, ce que ne fait pas le bardeau qui se reduit en mousse,[...] Elles ont encore ces deux avantages que dans les incendies generaux ou particuliers, on les peut faire sauter aisement a l’aide de la hache, Et que quand on aura un jour L’usage de l’ardoise ou de la Thuille, on pourra facilement sans refaire les Combles des maisons cloüer l’ardoise et la Thuille [...]

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Défendons aux Entrepreneurs, Maitres Maçons ou autres qui se melent de Batir a peine d’en repondre en leur propre et privé nom de poser Et d’adosser aucune cheminée ou Tuyau de Poële

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sure des cloisons, Pans de Bois et Colombage, comme aussy de faire aucune cheminée dont les Tuyaux n’ayent au moins dix douze ou quinze pouces de largeur, et trois ou quatre pieds d’ouverture de Tuyau entre les deux Costieres, afin qu’un homme y puisse facilement monter et s’y tenir [...]

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Et Jusqu’a ce qu’on ait Entierement en ce païs

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l’usage du plâtre si precieux et du Carreau si nécessaire dans les Bâtimens; Nous enjoignons a Tous les Entrepreneurs, Maitres Maçons et autres qui se mêlent de Batir de faire sur les planchers des greniers Et Galtas [galetas] un hourdie ou Aire de chaux et sable Epais au moins de deux pouces afin que le plancher superieur des maisons Etant ainsy a l’abry du feu permette plus aisement d’abatre et jetter bas le toit des mêmes maisons si le cas arrivoit de feu dans la maison ou d’un incendie dans le voisinage des dittes maisons.

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Et d’autant que pour la seureté de leurs maisons plusieurs y ont pratiquer des Murs de Refend qui en Excedent les Toits et les coupent en differentes parties ou qui les separent d’avec les Maisons Voisines a l’effet que le feu se communiqua moins de l’un a l’autre Nous ordonnons que pour rendre encore plus utile cette pratique qui est tres bonne a suivre jusqu’a ce que les maisons soient couvertes de Thuilles ou d’ardoises.[...]

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Mandons aux officiers de la jurisdiction

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ordinaire de cette ville et autres Villes de la Colonie Ensemble aux juges de Police, Et a Nos subdelelgues en dittes Villes de tenir la main a l’Execution de la presente ordonnance En ce qui conviendra en chacune des dittes villes; de la faire Registrer en Leur greffe et icelle Lire, publier et afficher partout ou Besoin sera a ce que personne n’en ignore fait et donné En notre hotel a Quebec le Sept Juin Mil Sept cent vingt Sept.

[signé]Dupuy