Lettre des autorités au sujet de la situation de la dame Ramezay et de ses filles depuis l’incendie, 18 octobre 1734.
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Monseigneur.
Vous avés esté Informé de l’Incendie arrivé a Montreal Le 10 avril dernier, et des pertes qu’elle a causée a differents particuliers, Madame de Ramezay s’est trouvée du nombre et Elle est d’autant plus a plaindre que les moyens de cette Dame avant l’incendie, suffisant a peine
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pour la faire subsister avec sa famille, Elle se trouve reduite aujourd’hui dans l’Etat le plus triste ayant generallement perdu tout ce quelle possedoit de meubles et hardes a son usage et a celuy de trois grandes Demoiselles qu’elle a avec Elle. Les peines de Madame de Ramezay dans une semblable situation luy font sentir tout ce que ses trois demoiselles auroient a souffrir si Dieu disposoit d’Elle n’ayant pour les faire subsister que la pension que Sa Majesté luy a bien voulu accorder et la maison qu’elle loüe au Roy située a Montreal et Sur
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laquelle ils sont cinq enfans a partager. Le recit qu’elle nous a fait de ses malheurs presents et le triste Etat de ses Demoiselles pour l’avenir, nous a Engagé a ne luy point refuser la demande qu’elle nous a faite de vous suplier d’obtenir de Sa Majesté que la pension dont Elle joüit Soit reversible a ses trois filles aprés sa mort, et une gratiffication telle qu’il plaira a Sa Majesté de luy accorder pour l’aider a se relever de la perte qu'elle vient de faire, Nous osons avancer, Monseigneur, que les besoins de cette Dame sont de nature
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a meriter l’honneur de votre protection et les longs services de feu M. de Ramezay semblent la flatter de L’attention que vous voudrés bien faire a sa demande.
Nous sommes avec un trés profond respect,
Monseigneur.
octobre 1734.
Vos tres humbles et trés
obeïssant serviteurs