Nouvelles
Les statues, de bons outils de réflexion
Octobre 2018
John Lutz
La tendance actuelle est au déboulonnement des piédestaux de certains héros de l’histoire canadienne et au retrait de leur nom apposé à des édifices, des écoles et des rues. Ainsi, la statue de John A. Macdonald a été retirée de la mairie de Victoria en C. B., une région qu’il a représentée comme membre du Parlement, alors que des enseignants ontariens ont demandé que des écoles nommées en l’honneur de ce premier ministre soient renommées. Pour sa part, Edward Cornwallis a été extrait de son socle à Halifax. Il y a un changement radical qui s’opère d’une extrémité à l’autre du pays sur la façon dont nous percevons les personnages historiques. Est-ce que renommer des édifices et déstatufier des socles constitueraient une étape dans le processus de réconciliation? Si oui, jusqu’où devrions-nous aller?
Ces questions ont incité le Département d’histoire de l’Université de Victoria à organiser une série de débats publics. Un des débats a porté sur les politiques liées aux pratiques consistant à renommer et déstatufier des édifices et des monuments alors que d’autres se sont articulés autour de l’héritage de Macdonald et de certains personnages historiques devenus des figures controversées afin de recontextualiser leur vie au sein de leur époque.
Bien que ce renouveau d’intérêt pour le sujet ait été stimulé par les controverses américaines liées aux statues des héros confédérés, ces débats nous ont rappelé que la pratique de renommer et déstatufier des édifices et des monuments n’est pas nouvelle. Plusieurs ruptures historiques, telles la défaite d’Hitler, la fin de l’Union soviétique, la chute de Saddam Hussein en Iraq, la fin de l’apartheid en Afrique du Sud – en plus d’exemples plus anciens que nous ne nommerons pas ici – ont provoqué des refontes fondamentales de l’iconographie et de la nomenclature.
Le professeur John Lutz, directeur du Département d’histoire de l’Université de Victoria, s’est prononcé plusieurs fois au cours de ces débats. Il s’est dit en accord avec le fait que certaines situations font consensus et changent les valeurs sociales. D’après lui, il est alors approprié de renommer des édifices ou de retirer des statues. Cependant, il soutient que dans la plupart des cas il vaut mieux garder ces rappels du passé et plutôt les utiliser pour réfléchir sur ce passé. Bien qu’une statue ou un nom occupe une place d’honneur, il rappelle qu’ils ne sont pas intrinsèquement honorifiques. En fait, une statue et le nom d’un lieu ne sont que de simples rappels, constituant des invitations à se souvenir d’un personnage ou d’un événement historique et à raconter cette histoire. Une fois la statue ou le nom d’un lieu établi, sa signification échappe à ses créateurs pour passer entre les mains des passants, des visiteurs et des citoyens. Même si la statue demeure, l’histoire qu’elle raconte peut changer au fil du temps. De plus, la même statue peut évoquer des récits différents pour diverses personnes.
Selon John Lutz, la statue de John A. Macdonald nous rappelle de partager les récits sur cet homme qui a joué un rôle primordial lors de la fondation du Canada. Cependant, il nous revient aujourd’hui de choisir les histoires que nous voulons mettre en lumière. Même les histoires officielles peuvent changer. Les récits que font les historiens diffèrent de ceux d’il y a 40 ans lorsque la statue fut érigée. Aujourd’hui, les historiens considèrent Macdonald non seulement comme un personnage clé de notre histoire, mais aussi comme un humain avec des lacunes qui, durant le processus de création d’un nouveau pays, a participé au déplacement de peuples autochtones à qui appartenait le territoire sur lequel le Canada a été bâti. Pour les Canadiens, il est un symbole de la nation et de fierté nationale. Parallèlement, il est aussi un symbole d’humiliation et de honte à cause de son attitude et de ses lois qui ont dénigré les Premières Nations et qui leur ont causé du tort ainsi qu’aux immigrants asiatiques. Une statue de Macdonald est un rappel de raconter cette ou ces histoires. Plutôt que de déplacer ces rappels faits de bronze et de granit qui racontent certains faits de notre passé, John Lutz nous suggère d’y ajouter des commentaires et, encore mieux, d’ajouter des nouveaux monuments qui nous inviteront à raconter de nouvelles histoires.
« Les statues sont muettes, affirme le professeur Lutz. Elles constituent un rappel que nous pouvons utiliser la pensée critique pour réfléchir au passé et, qu’aujourd’hui, c’est nous qui avons l’occasion de raconter ces histoires. »
Un nouveau guide pédagogique : Umiaqtalik, le savoir inuit et l’expédition Franklin
Juin 2018
La première rencontre avec les Autochtones de la baie du Prince-Régent, dessinée par John Sackheouse et présentée au capitaine Ross
Nous sommes ravis d’annoncer que les enseignants peuvent télécharger un nouveau guide pédagogique (en inuktitut et en anglais) à partir de notre site web. Vous n’avez qu’à vous enregistrer ici si vous n’avez pas déjà un accès gratuit à l’ensemble de nos guides pédagogiques.
Umiaqtalik : le savoir inuit et l’expédition Franklin est un nouveau guide pédagogique conçu par le ministère de l’Éducation du Nunavut en collaboration avec les Grands Mystères de l’histoire canadienne. Le gouvernement du Nunavut était un de nos partenaires dans la conception du site Le mystère Franklin : vivre et mourir en Arctique.
Quasar, ancien ministre de l’Éducation et puis premier ministre du Nunavut, au lancement du site web du mystère Franklin en juin 2015 (Jake Wright)
Accessible en inuktitut et en anglais, le guide a été conçu pour les élèves de 8e année du Nunavut. Tout au long du texte, des notes explicatives permettent de l’adapter à d’autres contextes.