Réponse de Verigin à Johnson, le 28 juillet 1919
Verigin, Sask. 28 juillet 1919.
Monsieur A. M. Johnson
Sous-procureur général
Victoria, C.-B.
Cher monsieur :-
Votre lettre concernant les personnes nues j’ai lu très attentivement et je vous informe que ces gens n’appartiennent pas à la communauté. […]
Je leur ai beaucoup parlé et j’ai essayé de les influencer pour qu’ils ne causent pas de problèmes, ils ne m’écoutent jamais et maintenant je n’ai aucun contrôle sur eux. Ce sont les mêmes qui ont brûlé ma maison en Saskatchewan, qui valait plus de 5 000 $. J’ai porté plainte contre eux au gouvernement et le gouvernement les a trouvés coupables et les a mis en prison pour 3 ou 4 mois, puis les a relâchés et maintenant ils disent que si Verigin a agi comme ça et nous fait mettre en prison encore, on va encore brûler sa propriété, en Saskatchewan, ils disent qu’ils vont brûler les silos et, en Colombie-Britannique, ils menacent de brûler la confiturerie à Brilliant et d’autres bâtisses de grande valeur qui appartiennent à la communauté parce que, disent-ils, il n’est pas nécessaire d’aimer les richesses. […]
Les personnes nues vivent sur des terres de la communauté pas très loin de Grand Forks sur la rivière Kettle Valley, mais ils s’y sont installés de leur propre chef. Je ne leur ai jamais permis de s’y installer. […]
Les personnes nues sont le peuple, comme ils se nomment eux-mêmes, « peuple libre », et ils sont comme des coyotes et je sais très bien qu’il y a encore dans les prairies canadiennes beaucoup de chacals qui viennent près des villages habités.
Je peux vous dire, monsieur Johnson, sérieusement, que je ne peux prendre la responsabilité d’attraper les petites bêtes qui errent dans les prairies canadiennes.
Les Doukhobors et moi-même sommes venus de la Russie au Canada avec l’intention de travailler et de vivre en paix.
Le principe des Doukhobors est « Travail et non-violence ».
Avec tous mes égards,
Veuillez agréer mes salutations distinguées,
« P. Verigin. »