« Le corps de Tom Thomson retrouvé, il manquait à l’appel depuis plus d’une semaine », The Owen Sound Sun, 20 juillet 1917
Les circonstances entourant la noyade demeurent mystérieuses – Le canot a été retrouvé sur le lac quelques heures après que l’artiste ait été vu pour la dernière fois
Un télégramme est arrivé mardi soir dans lequel on pouvait lire que le corps de M. Tom Thomson, le célèbre artiste, avait été retrouvé dans le lac Canoe le soir précédent. On se souviendra que le dimanche 8 juillet, son canot avait été retrouvé plusieurs heures après qu’on l’eût aperçu pour la dernière fois et qu’un télégramme à cet effet avait été envoyé à ses parents ici. Le fait que deux rames aient été retrouvées attachées au canot donnait l’impression que l’embarcation avait pu dériver et que M. Thomson avait été coincé sur une des îles. Il aurait également pu s’être rendu dans la forêt pour dessiner, mais la découverte du corps dissipe toutes les incertitudes.
L’artiste s’est noyé dans le parc Algonquin, le lieu qui avait tant inspiré ce peintre et où il avait passé tant d’étés à reproduire les beautés de la nature. Il était des plus charmants et promettait de devenir célèbre parmi les amateurs d’art du continent grâce à l’excellence de son travail. Il ne faisait pas que peindre la nature, il y vivait et en saisissait sa grande beauté. Son œuvre était d’une véracité et d’une fidélité qui ne pouvaient témoigner que d’un lien direct et empathique avec son sujet, et qu’il soit mort à la porte de la célébrité rend son décès encore plus regrettable. Il faisait partie de ce type de jeunes hommes dont le pays a tant de raisons d’être fier.
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En faisant référence à l’œuvre du défunt M. Thomson, Eric Brown a écrit dans un récent article du Studio de London : « Les critiques s’attendent à ce qu’il amène la peinture de paysages canadiens bien au-delà de ce qui a été réalisé jusqu’à présent. Errant seul dans le parc Algonquin la majeure partie de l’année, habitué aux difficultés et réputé meilleur guide, pêcheur et canoteur du district, il vit pleinement toutes ces magnifiques saisons et elles vivent à travers lui. Voilà encore le sens décoratif développé et présent dans chaque œuvre. On ne perd rien du sujet; le nord est là devant nous, qu’il s’agisse d’une rivière sinueuse bordée de fleurs printanières aperçue à travers de squelettiques pins noirs, ou alors de blocs verts de glace fondante qui flottent sur les eaux bleues libérées du lac. »
Tous partagent la douleur des proches affligés par cette triste perte.