Harold Town, « Introduction » Tom Thomson : le silence et la tempête, 1977
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Les gens aiment bien lire sur les peintres, entendre parler de peinture, acheter ou vendre des tableaux, pourvu qu’il ne s’agisse pas d’admirer des toiles, de faire de l’art une partie intégrante de leur vie. La peinture est un paria qui devrait s’en remettre aux instances du monde de l’art pour savoir où et quand mendier de façon à ne surtout pas nuire à la bonne marche des affaires.
Au Canada, on ne peut s’empêcher de regarder les toiles de Tom Thomson à travers un écran sur lequel seraient projetées les conjectures liées à sa mort dans les eaux du lac Canoe. Ces eaux, depuis ce temps, sont troublées par le barbotage incessant des déterreurs de cadavres et des purs imbéciles qui ont réduit l’odyssée créative de Thomson à ce genre d’histoires à l’intrigue convenue qui remplissent les présentoirs de livres de poche. Sans contredit, Tom Thomson est l’artiste le plus célèbre du Canada, même si seules quelques-unes de ses œuvres sont bien connues, surtout celles composées en atelier, qui témoignent de son talent, certes, mais restent loin de son cœur.
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