Winnifred Trainor, lettre à T. J. Harkness, 11 août 1917

Huntsville, Ont.

[ Winifred Trainor ]

Winifred Trainor , Tom Thomson, Library and Archives Canada/Bibliotheque et Archives Canada, PA-193567, Winifred Trainor (1884-1962), fille aînée de Hugh Trainor, contremaître de la Huntsville Lumber Company, passait ses étés au lac Canoe avec sa famille. C’est là qu’elle a rencontré Tom Thomson, probablement en 1913. Certains chercheurs ont attiré l’attention sur les anneaux qu’elle porte à l’annulaire gauche, prétendant que leur présence soutient la théorie selon laquelle Thomson et Winifred Trainor étaient fiancés

Cher M. Harkness,

J’ai reçu votre lettre hier et noté son contenu avec soin. C’est aujourd’hui samedi, jour où je suis très occupée alors j’ai cru bon de répondre [illisible]. Il y a cinq semaines, j’ai écrit à Tom – mais il ne l’a pas reçue. Il m’a écrit lui aussi – et nos lettres se sont croisées et ce soir une triste note pour son beau-frère. Cela me semble presque impossible. Et je suis si désolée et le mot est faible.

Je suis passée voir l’entrepreneur de pompes funèbres M. Churchill et il souhaitait que son nom ne soit pas utilisé. Alors je sais que ces remarques demeureront confidentielles. Je connais presque tout le monde à des milles à la ronde et on ne me refuse jamais quoi que ce soit. Alors je lui ai posé des questions directes

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J’ai suivi les directives contenues dans le télégramme qui a été retrouvé dans le train de 6 h du soir. J’ai eu bien de la difficulté à le voir seulement.

et obtenu des réponses claires. C’est un homme très consciencieux. Je ne peux pas tout écrire ce soir mais il a dit que la note était salée. Flavelle n’est qu’un vendeur de fournitures et un entrepreneur de pompes funèbres et non un embaumeur alors il a eu recours à un embaumeur de Sprucedale près de Parry Sound. Alors il en a coûté le double que si l’on avait engagé quelqu’un et passé la commande. C’était une question d’argent. pas même de compassion. Je suis désolée de n’être pas montée la veille – j’ai fait des suggestions au lac Canoe, mais elles ont été rejetées. Si je pouvais vous voir, je vous dirais tout. Cependant, M. Churchill a dit d’agir conformément à votre lettre. Ici, ils incluent tout dans le prix du cercueil. Celui en provenance de Kearney n’était pas mieux. Et la fausse-tombe n’était pas peinte et je ne pense pas qu’elle avait des poignées. M. Churchill paie toujours ses propres dépenses lorsqu’il sort. Il dit que ce n’est pas correct puisqu’il devrait

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payer pour cela quand il serait chez lui. Une doublure en cuivre coûte plus cher que le cercueil lui-même. Alors vous constaterez qu’il facture un bon [illisible]. Je vous suggère d’utiliser votre propre jugement étant donné que vous connaissez le contenu du premier télégramme. Pensé que [illisible] composé – et vous savez qu’il faut maintenant démêler cet imbroglio – à cause de l’imprévoyance de ne pas avoir choisi un cercueil scellé – qui, comme tout le monde le sait, est nécessaire dans une situation de ce genre et aussi requis par la loi. Si vous connaissiez M. Fraser je pense que vous useriez de votre propre jugement. Ceci est strictement confidentiel puisque les Fraser marchent droit à leur façon. J’aimerais certainement visiter la tombe à un moment donné. Alors peut-être que je [vous] verrai à ce moment si jamais je ne vous réécris pas.

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Veuillez pardonner l’usage du crayon mais mon temps est limité ce soir, alors j’ai pensé pouvoir gagner du temps en griffonnant. Quand j’ai su ce qui se passait au lac Canoe – j’ai fait tout ce que j’ai pu pour corriger la situation. On m’a dit là-bas que cela ne pouvait se faire, mais j’ai pensé tenter ma chance et je savais que ce temps était précieux. Quand je suis arrivé à Scotia, soit à 7 h 30 du soir, les lignes ne fonctionnaient pas entre Hville [Huntsville] et Scotia. Alors je suis passée voir l’agent et j’ai envoyé message après message à Hville tous sans aucuns frais, et il a été parfaitement aimable à propos de tout cela. J’ai dû attendre là jusqu’à près de 3 h du matin.

Nous sommes amis avec les Fraser, car nous avons une jolie résidence au lac Canoe, où chaque été nous avions l’habitude de passer les vacances là. Mais je pourrais vous expliquer mieux si vous les connaissiez.

Veuillez agréer mes salutations distinguées,
Winnifred Trainor

Source: Library and Archives Canada/Bibliotheque et Archives Canada, MG30 D284 'Tom Thomson collection', Vol. 1 Files 3-6, Winnifred Trainor, Lettre à T. J. Harkness, 11 août 1917

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