Kate Carmack
Kate Carmack, née Shaaw Tlaa, est membre de la tribu indienne Stick. Le mari de Kate est George Carmack, un prospecteur qui travaille avec le frère de celle-ci, Skookum Jim, et son partenaire Kaa Goox, aussi connu sous le nom de Dawson Charlie. Carmack et Skookum Jim sont tous deux reconnus comme ayant fait la découverte d’or du 17 août 1898 qui a lancé la grande ruée vers l’or du Klondike.
George marie d’abord la sœur aînée de Shaaw Tlaa, mais comme elle succombe peu après leur mariage, Shaaw Tlaa la remplace. George la nomme Kate. Le mariage ne figure sur aucun registre public, un oubli que Kate regrettera tout au long de sa vie.
George Carmack devient orphelin à 12 ans et vit avec sa sœur aînée pendant neuf ans avant de quitter le bercail. En 1885, il se dirige vers le nord, faisant un premier arrêt à Juneau, en Alaska, puis se rend à Dyea où il rencontre Skookum Jim. George, Jim et Dawson Charlie passent les dix années suivantes à faire la traite et à prospecter le long du fleuve Yukon entre Dyea et la communauté minière de Forty Mile, située juste au nord de ce qui allait devenir la ville de Dawson. George, qui est enclin à l’exagération, est surnommé à la blague « George le menteur » par les mineurs de Forty Mile.
En janvier 1893, sept ans après leur mariage, Kate donne naissance à l’unique enfant du couple, une fille nommée Graphie Gracie. George et sa famille continuent de parcourir le Yukon, s’adonnant à la traite et à la chasse, et prospectant un peu durant le trajet. Quand Robert Henderson, un autre prospecteur, dit à Carmack que la région située à proximité de l’embouchure de la rivière Klondike est prometteuse, le groupe descend un des affluents de la rivière, le ruisseau Rabbit. Le 17 août 1896, le groupe découvre son filon. L’endroit, qu’on appellera par la suite la concession de la Découverte, est identifié de la main de Carmack. « À QUI DE DROIT : En ce jour, je jalonne et revendique, à titre de découvreur, cinq cent pieds en amont du présent avis. Jalonné ce 17e jour d’août 1896. G.W. Carmack. » À eux trois, les hommes détiennent la concession de la Découverte ainsi que les concessions suivantes situées sur ce ruisseau : la no1 en amont de la Découverte et les no1 et no2 en aval de la découverte.
Bien que les trois hommes tirent de ces concessions des milliers de dollars d’or, ils sont loin de toute ville et l’or ne peut chauffer une maison ni remplir un estomac. L’hiver de 1896-1897 est dur. Avant le printemps (quand la glace fond et que l’or peut être lavé au sluice et séparé de la boue et de la saleté), les prospecteurs n’ont aucun moyen de subsistance. Alors, pendant que son mari et son frère passent l’automne et l’hiver à extraire de l’or, Kate assure leur subsistance en faisant le lavage pour d’autres mineurs…
Quand arrive le printemps, les partenaires sont enfin capables de vendre l’or qu’ils ont lavé. Le travail hivernal de Carmack et Kate leur rapporte plus de 100 000 $. Le couple reste encore une année au Klondike et n’est pas du nombre des mineurs qui montent à bord du Excelsior ou du Portland à l’été 1897. L’été suivant, George et Kate quittent le Klondike pour aller « à l’extérieur ». Ils se rendent à Seattle et visitent la sœur de George, Rose, à son ranch à Cambria, en Californie. Rose a peu de considération pour Kate, mais semble se prendre d’affection pour la jeune Graphie Gracie.
Pendant leur séjour à Seattle, George et Kate sont le point de mire. George se promène dans la ville à bord d’une carriole arborant l’écriteau présomptueux « Geo. Carmack, découvreur de l’or du Klondike ». Au début de septembre, le couple cause tout un émoi en lançant des pièces de monnaie du toit de l’hôtel sur une foule sans cesse grandissante.
Il est difficile pour Kate de vivre loin du reste de sa famille et du pays qu’elle connaît le mieux. Sa détresse se traduit par l’auto-destruction, et quand elle est appréhendée pour avoir troublé l’ordre public, le Seattle Times s’empresse de publier l’histoire : « Mme George W. Carmack, la femme indienne du découvreur du Klondike, qui est probablement l’Indienne la plus riche au monde, a été condamnée ce matin à une amende de 3,60 $ par le juge Cann pour ivresse ».
George devient aussi malheureux auprès de Kate qu’elle l’est d’être loin de chez elle. Au lieu de la laisser retourner dans le nord, il envoie Kate et Graphie vivre avec sa sœur, Rose. George retourne à Dawson et entreprend de jouir pleinement de son statut de « découvreur » : il mène une vie tumultueuse et tombe amoureux. L’objet de son désir, Marguerite Saftig Laimee, est une femme à la réputation douteuse. Propriétaire d’un « magasin de tabac », Laimee est, en réalité, la tenancière d’un bordel. Carmack semble n’attacher aucune importance à cette carrière et il écrit bientôt à Rose pour lui demander de renvoyer Kate dans son clan, leur annonçant qu’il a l’intention de marier Laimee.
Kate refuse d’être ainsi rejetée et après avoir consulté des amis, elle décide d’entamer des procédures judiciaires pour obtenir sa part des 1,5 million $ que valent les concessions d’or qu’elle et George possèdent. Elle tente d’obtenir le divorce sous les motifs d’abandon du domicile et d’adultère. Malheureusement pour Kate, comme aucun papier de mariage officiel n’a été rempli, le tribunal ne peut reconnaître l’existence de cette union. George et Marguerite se marient fin 1900.
George meurt riche à Vancouver en 1922. Marguerite hérite de sa fortune et meurt en Californie en 1949. Kate, qui s’est vu enlever sa fille, Graphie, par George, retourne dans sa tribu tagish. Elle vit d’une pension gouvernementale dans une petite maison que Skookum Jim lui a construite à Carcross. En 1920, Kate meurt à Carcross au cours d’une épidémie de grippe. Elle avait 63 ans.