Résumé du débat sur l’empoisonnement au plomb par les spécialistes de l’expédition Franklin [1987-2014] (2014)

L’analyse faite par Owen Beattie et John Geiger des prélèvements tissulaires provenant de la dépouille de John Torrington, un membre de l’équipage de Franklin enterré sur l’île Beechey, indique que ce dernier souffrait de maladies pulmonaires graves, incluant l’emphysème, des adhésions pleurales révélatrices d’une possible tuberculose et l’anthracose ou dépôt de poussières de charbon dans les poumons. Torrington était un chauffeur et l’anthracose peut s’expliquer par une exposition continue à la poussière de charbon. L’analyse des tissus a aussi montré que ses os présentaient des teneurs élevées en plomb. En partie à cause de la découverte de ces teneurs dans les tissus des défunts, Beattie a émis l’interprétation que le groupe de Franklin a été exposé à des niveaux toxiques de plomb. Il a suggéré que, jumelé à des maladies respiratoires plus répandues, l’empoisonnement au plomb aurait grandement contribué à la détérioration de la santé de l’équipage. L’historien William Battersby a par la suite suggéré que les teneurs élevées en plomb n’étaient pas dues au régime alimentaire, mais provenaient plutôt du réseau d’alimentation en eau conçu spécifiquement pour les navires. Récemment, Keith Millar, Adrian W. Bowman et William Battersby ont remis en question l’hypothèse du plomb en soumettant que des teneurs élevées n’étaient pas inhabituelles au sein de la population britannique du milieu du dix-neuvième siècle. Bien que le plomb ait probablement été un facteur de détérioration de la santé de certains membres d’équipage de Franklin, ces auteurs suggèrent qu’il n’était probablement qu’un facteur parmi d’autres qui ont contribué au désastre, incluant des « insuffisances nutritionnelles ». Par ailleurs, l’historien Andrew Lambert a déduit que la présence documentée de tuberculose dans les tissus de Torrington soulève la possibilité d’une présence plus généralisée de tuberculose parmi les membres d’équipage, une maladie pour laquelle il n’y avait encore aucun traitement à cette époque. L’exposition au froid qui a suivi l’abandon des navires à la fin du mois d’avril 1848 ainsi que des abris et des vêtements inadéquats pourraient être ajoutés à l’éventail de facteurs potentiels qui ont eu un effet sur la santé et la survie de ce groupe.

À propos de ce document

  • Auteur: Lyle Dick
  • Date: 2014
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