Schwatka visite un village netchillik, interviewe Seeuteetuar, Toolooah, Ooping [tel que rapporté par Gilder] (1881)
Le jour où nous avons quitté l’île de Montréal deux phoques ont été tués et c’étaient les premiers depuis notre départ de la baie d’Hudson. La distance à partir du secteur nord-est de l’île étant très peu cartographiée, nous avons établi le campement beaucoup plus haut sur la côte après avoir tué trois rennes. Nous avons continué sur la terre, traversant les péninsules de la pointe Oyle et de la pointe Richardson qui étaient beaucoup plus larges que ce qui était indiqué sur les cartes. Dans une anse à l’ouest de la pointe Richardson, ou "Nu-oo-tar-ro" comme elle est nommée par les autochtones, nous avons trouvé le premier des campements des Netchilliks le dernier jour de mai. La cérémonie d’ouverture des communications était similaire à celle tenue avec les Ooquee-sik-silliks quelques jours plus tôt, sauf qu’au lieu de rester dans leurs igloos, les hommes étaient alignés dans une ligne de bataille devant les igloos et ils ont envoyé une vieille femme pour voir qui nous étions et demander ce que nous voulions. Si nous avions été hostiles et que nous avions tué la vieille femme, leur force guerrière n’aurait pas été réduite et il n’y aurait eu qu’une vieille femme en moins de qui prendre soin. Ils tenaient leurs arcs dans leurs mains avec des flèches encochées aux cordes; mais lorsque la vieille femme a crié que c’étaient des hommes blancs, ils ont laissé tomber leurs armes et nous ont reçus amicalement, frappant leur poitrine et disant "Many-tu-me" bien que Joe m’ait dit plus tard qu’un des hommes voulait tout de même se battre. Ils ont une coutume qui est de tuer le premier étranger qui arrive après une mort dans la tribu et comme nous remplissions cette condition, il semble qu’il voulait appliquer la coutume. A la suggestion d’Equeesik un coup de fusil a été tiré dans les airs à notre approche et il est probable que de savoir que nous étions mieux armés qu’eux aura eu pour effet d’assurer la paix. Ils ont agi d’une manière très amicale après notre arrivée parmi eux et le lieutenant Schwatka et moi avons visité tous leurs igloos, leur laissant des aiguilles, des dés à coudre, des cuillères, des couteaux et des hameçons en échange de quelques reliques négligeables de Franklin. Le lendemain nous avons fait une entrevue avec un vieil homme nommé Seeuteetuar qui avait vu plusieurs squelettes près de la ligne d’eau dans une anse à environ trois ou quatre milles à l’ouest du campement. Il avait aussi vu des livres et des papiers éparpillés parmi les roches le long de la rive et au retour de la plage. Il y avait aussi des couteaux, des fourchettes et des cuillères, des assiettes et des conserves. Il n’y avait pas de traîneau à cet endroit mais il y avait une chaloupe qui avait par la suite été détruite et transportée par les autochtones afin de fabriquer des outils en bois. On lui a montré une montre et il a dit qu’il en avait vu plusieurs dans les environs qui avaient aussi été prises et brisées par les enfants. Certaines étaient en argent et d’autres en or. Il a dit que les ossements étaient encore là, à moins qu’ils n’aient été emportés par les renards et les loups. Il n’avait jamais vu et n’avait jamais entendu parler d’un cairn érigé par des hommes blancs le long de la côte de ce côté-ci du détroit de Simpson et il n’avait jamais entendu parler d’autres traces des hommes blancs. Il n’y était pas retourné depuis longtemps mais il pourrait nous montrer l’endroit.
Toolooah, un autre Netchillik, d’environ quarante-cinq ans, avait aussi été à l’endroit de la chaloupe mais après que presque tout avait été emporté. Il avait cependant vu des traces d’hommes blancs dans le pays des Ookjooliks sur la côte ouest de la péninsule d’Adelaide et aussi récemment que l’été dernier il avait ramassé des morceaux de bouteilles, du fer, du bois et des conserves sur une île au large de la pointe Grant. Les autochtones ookjooliks avaient pointé cette île comme étant près de l’endroit où un navire avait sombré il y a plusieurs années. On lui a montré une carte et il a pointé un endroit situé à environ huit milles franc ouest de la pointe Grant comme étant l’endroit où le navire avait sombré. Ooping, un Inuit ookjoolik qui vivait près de l’embouchure de la grande anse qui s’étend sur presque toute la largeur de la péninsule Adelaide à partir de la tête de la baie de Wilmot, était le dernier Esquimau qui avait traversé vers la côte ouest de la terre du Roi-Guillaume. C’était il y a deux ans. Il avait vu des traces d’hommes blancs près du cap Jane Franklin et le long de la côte du cap Felix. Cette anse, dont avait parlé Toolooah, semblait assez importante pour en faire un relevé et le lieutenant Schwatka a décidé de l’inclure dans les recherches qu’il allait menées dans le pays des Ookjooliks.