Les contributions au magnétisme terrestre (1840)
Les activités reliées aux recherches sur le magnétisme terrestre ont récemment connu un regain, l’objectif clairement défini étant l’obtention de cartes exactes du phénomène magnétique correspondant au savoir de notre époque et couvrant la totalité de la surface du globe. Pour faciliter les recherches et pour permettre la comparaison entre la théorie générale de M. Gauss et les faits observés, des cartes des lignes magnétiques ont été construites à partir de la théorie et des observations. Les lignes théoriques et réelles de la déclinaison et de l’intensité sont ainsi représentées dans des cartes publiées récemment en Allemagne et en Angleterre tout comme le sont les lignes d’inclinaison calculées théoriquement; mais la carte dérivée d’observations correspondant à ce dernier élément n’est pas encore au point. La présente communication vise à satisfaire ce desideratum, du moins en ce qui concerne la portion du globe comprise entre les parallèles 55° N. et 55° S. et les méridiens 20° E. et 80° O.; cela comprend l’océan Atlantique et les côtes adjacentes des continents sur chaque côté.
Les observations principalement employées dans ce but proviennent de deux séries de mesures prises en mer: une par M. Dunlop de l’observatoire Paramatta lors d’un voyage entre l’Angleterre et la Nouvelle-Galles du Sud en 1831; l’autre par le lieut. Sulivan de la Marine royale lors de l’aller entre l’Angleterre et les îles Falkland en 1838 et du retour en 1839. L’observation de l’inclinaison magnétique en mer, qui était une pratique courante des grands navigateurs au siècle dernier, n’a malheureusement pas été reprise au rétablissement de la paix lorsque l’intérêt dans ce type de recherches a connu un regain: pourtant ce n’est que par de telles observations que les lignes d’inclinaison peuvent être tracées de façon indépendante pour de grandes portions du globe couvertes par l’océan. Les difficultés inhérentes à ces observations, provenant du mouvement du navire et du fer qu’il contient, nécessitent l’adoption de plusieurs précautions qu’il convient particulièrement de communiquer à ce moment. C’est dans cette optique que sont ici discutées les mesures prises par messieurs Dunlop et Sulivan; la valeur des résultats obtenus dans des circonstances où les précautions ont été prises est validée par leur succès.
La position des lignes sur la portion terrestre de la carte a été obtenue à partir de 120 déterminations faites dans divers lieux en Europe, en Afrique et en Amérique entre 1834 et 1839 et dont environ la moitié sont présentées ici pour la première fois.
Les séries de messieurs Dunlop et Sulivan contiennent aussi des observations sur l’intensité magnétique prises en mer; M. Dunlop a utilisé la méthode de vibrations horizontales alors que le lieut. Sulivan a utilisé l’instrument et la méthode conçus par M. Fox. Le degré de précision qui peut être obtenu par des expériences ainsi faites est démontré par la comparaison de ces observations entre elles et avec les lignes isodynamiques dérivées précédemment d’observations recueillies sur terre.
La première section de cette communication se conclut par une discussion sur la position relative des lignes de moindre intensité et sans inclinaison et sur le changement séculaire que cette dernière ligne a subi au cours de la décennie précédant 1837.
Dans la seconde section, les observations de M. Dunlop sont jumelées avec les observations des côtes australiennes prises récemment par les capitaines Fitz Roy, Bethune et Wickham de la Marine royale, et ce, dans le but de fournir une première approximation de la position et de la direction des lignes isodynamiques dans la portion de l’océan Indien qui est comprise entre le méridien du cap de Bonne-Espérance et la Nouvelle-Galles du Sud.