Hall interviewe Innookpoozhejook (1879)

5 juillet 1869. – Une autre courte entrevue avec In-nook-poo-she-jook ce matin à environ dix heures juste avant qu’il ne parte chasser le phoque avec les Inuits. Ar-mou m’a aidé car Joe et Hannah étaient tous les deux occupés à l’extérieur de la tente. En fait, plusieurs autochtones de la baie de Repulse peuvent me servir d’interprètes lorsque je parle avec des autochtones d’endroits lointains tels que Neit-chille, la baie de Pelly et Ig-loo-lik. Posant la carte de l’Amirauté anglaise devant nous, je demande de nouveau à In-nook-poo-she-jook où avait été érigé le monument avec une longue pierre au sommet qui pointait vers Ki-ki-tuk (la terre du Roi-Guillaume) dont il m’a parlé hier. Il a alors pointé au même endroit qu’hier, c'est-à-dire sur la rive sud de la baie d’Inglis, au sud de la longue île étroite, un peu à l’est de l’embouchure de la rivière Castor et Pollux découverte par Dease et Simpson en 1839 et qui constituait l’étape finale de leurs découvertes dans cette direction. In-nook-poo-she-jook a ensuite pris un clou que j’avais dans ma main et l’a placé directement sur l’endroit où était le monument, le même clou pointant vers Shar-too et de là vers la pointe Victory où un autre monument avait été érigé par des hommes blancs et avait été trouvé par des Inuits. J’étais non seulement profondément intéressé par sa description particulière mais aussi grandement surpris car il a insisté sur le fait que la longue pierre au sommet de ce monument ne pointait pas seulement vers Shar-too (cap Colvile, une terre basse en face de l’extrémité s.-e. de la terre du Roi-Guillaume) mais aussi vers l’endroit où un monument avait été érigé sur le côté nord de cette anse à l’extrémité nord-ouest de la terre du Roi-Guillaume – soit, la pointe Victory. Il a dit que les Inuits qui avaient vu ce monument sur le côté sud de la baie d’Inglis avaient remarqué ce qu’il affirme.

Après avoir vu la direction vers laquelle le clou pointait, vers le nord et vers l’ouest, j’ai tracé une ligne dans la direction opposée, vers le sud et vers l’est, pour voir si en la prolongeant elle se rendrait près de la baie de Repulse et j’ai constaté que c’était le cas; il est donc possible que ceux qui avaient installé la pierre qui pointait l’aient fait intentionnellement pour indiquer d’où ils venaient et où ils se dirigeaient. Cette dernière observation n’est cependant que pure conjecture de ma part, basée sur ce qu’In-nook-poo-she-jook a dit et sur les renseignements obtenus de certains autochtones de la baie de Repulse et d’Ig-loo-lik.

Avant que je continue à noter le reste des renseignements obtenus lors de l’entrevue de ce matin, je transcris quelques lignes du rapport du Dr Rae sur son expédition de 1854 – la partie qui réfère à un monument qu’il a trouvé à l’endroit exact pointé plus tôt par In-nook-poo-shee-jook. A ce moment, le Dr Rae se trouvait à la baie d’Inglis à l’embouchure de la rivière Murchison; le rapport se lit comme suit :

"Le temps était couvert et il neigeait lorsque nous avons repris notre voyage vers 8h30 du soir. Le 27 avril nous nous sommes dirigés directement vers le rivage que nous avons atteint après une heure et demie de marche rapide pendant laquelle nous avons traversé une longue île rocheuse de quelques milles de superficie. Comme il neigeait fortement à ce moment, j’ai demandé à mes hommes de marcher sur la glace, car il était plus facile d’y marcher, pendant que je suivais les méandres du rivage, examinant avec soin chaque objet sur la plage.

"Après avoir passé plusieurs amas de pierres qui avaient de toute évidence recouvert des caches esquimaudes, je suis arrivé à un amas plus gros que tout ce que j’avais vu et qui, nettement, ne servait pas à protéger des biens; les pierres étaient généralement petites et avaient été érigées en forme de pilier, mais le sommet était tombé, comme l’Esquimau m’avait déjà fait comprendre. Appelant mes hommes à terre, j’ai demandé à l’un d’eux de suivre la trace de ce qui semblait être le lit d’une petite rivière tout juste à l’ouest d’où nous étions pendant que les autres hommes et moi fouillions les pierres à la recherche d’un document. Bien qu’aucun document n’ait été trouvé, cela ne faisait aucun doute à mon esprit ainsi qu’à celui de mes compagnons que cette construction n’avait pas été faite par les autochtones. Je croyais être arrivé à la rivière Castor et Pollux et j’en ai reçu la confirmation lorsque celui qui avait été envoyé pour suivre la trace du lit du cours d’eau est revenu en disant qu’il s’agissait clairement d’une rivière.

* * * "Ayant passé plus d’une heure à chercher en vain une note de quelque type que ce soit, nous sommes revenus sur nos pas", etc.

Je poursuis cet extrait par un commentaire ou deux. En tenant compte du récit d’In-nook-poo-she-jook et de l’extrait du rapport de Rae, je suis certain que le monument avait été érigé par des hommes blancs.

Illustrations des sources (4)

À propos de ce document

  • Auteur: Charles Francis Hall
  • Publication: Narrative of the Second Arctic Expedition Made by Charles F. Hall
  • Publié par: Government Printing Office
  • Lieu: Washington D.C.
  • Date: 1879
  • Page(s): 608-611
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