Roald Amundsen au sujet des habitants du pôle nord magnétique (1908)

Dans ces régions, les saisons se terminent aussi brusquement qu’elles débutent. L’Esquimau se réveille un matin et se retrouve en plein hiver, la mer est gelée et la neige a formé des amoncellements de plusieurs verges de profondeur en certains endroits. Il n’y a plus d’excuses pour retarder la construction des huttes de neige; ils ont tous assez souffert du froid au cours de la nuit précédente. Rapidement, toute la population de la colonie part à la recherche de sites de construction. Le plus important est de trouver un endroit protégé du vent, dans une certaine mesure, et qui n’est pas trop loin de l’eau sinon chaque goutte dont ils auront besoin devra être acquise au prix de grandes difficultés. La condition de la neige est aussi une considération importante; si elle n’est pas bonne, la hutte ne sera pas parfaite. Donc, le choix d’un bon site pour la hutte est une responsabilité qui revient au paterfamilias et cela lui prend souvent beaucoup de temps avant de prendre sa décision. Il teste la neige soigneusement avec un instrument fabriqué spécialement dans ce but, un "hervon". C’est un bâton fait de bois de renne qui est redressé comme un bâton de marche. Il mesure environ quatre pieds. A une extrémité il y a une poignée en os de renne et à l’autre, une virole en os de bœuf musqué. Pendant son examen, il enfonce le "hervon" dans la neige pour en "sentir" la condition. "Sentir" la condition de la neige requiert un grand sens du toucher qui se développe au cours de nombreuses années de pratique et d’expériences.