Entretien avec Frank Analok à propos d’Imnguyaaluk, par Dorothy Eber [interprétation de James Pamioyok (1999)

Nos ancêtres nous ont dit qu’un navire d’expédition a hiverné sur cette île. Un des premiers navires qui sont venus a hiverné ici. Des Inuits qui sont morts bien avant nous savaient qu’il y avait eu des hommes blancs ici, mais notre génération en a seulement entendu parler.

C’est Patsy qui m’a dit où était l’endroit où ils avaient hiverné. Selon Patsy, ils étaient pris dans les glaces et n’avaient pas le choix. Pendant qu’ils étaient à Imnguyaaluk, ils ont utilisé l’huile et la graisse de phoque – il y a de grandes traces d’huile de phoque sur le terrain. Ils ont dû faire du feu directement sur la surface du sol. Lorsqu’il y a une concentration d’huile, cela laisse une nappe.

Une fois, plusieurs années plus tard, des Inuits étaient sur cette île – à côté de la plus grande – attendant que la glace fonde. Et lorsque la glace a fondu, ils ont trouvé la nappe d’huile de phoque.

Selon nos ancêtres, il y avait plusieurs hommes blancs. Je ne sais pas combien, mais il y avait un homme appelé Meetick – canard – et une personne dont ils ont beaucoup parlé, un chef. Les Inuits l’appelaient « Qoitoyok » en inuktitut, « celui qui va souvent à la toilette », un homme plus vieux qu’on appelait Qoitoyok – « lui qui va souvent à la toilette ». Même si cette personne était un adulte, on savait qu’il urinait dans son lit la nuit. Il était comme ça. C’est tout.

[...]

Il a été dit que lorsque l’été est arrivé, le navire qui avait hiverné ici est parti, avec les voiles comme des drapeaux, pour un endroit que nous ne connaissons pas, mais peut-être pour là d’où il était venu et on croit que tous les hommes sont partis avec le navire. S’ils y sont parvenus, je ne sais pas.

Quand j’étais un jeune homme, je suis allé chasser le phoque à cet endroit avant le gel. Mais nous n’avons pas vu de nappe d’huile parce que le sol était couvert. Nous n’avons pas trouvé de reliques du navire qui avait hiverné, mais peut-être que nos ancêtres en ont trouvé. Ces gens sont restés dans l’île : cela est prouvé par le fait que le sol est souillé par la graisse de phoque fondue. Ces gens qui sont restés sur l’île ont utilisé l’huile de phoque pour faire de la chaleur.