LE MEURTRE DES DONNELLY.
Premier jour du grand procès.
Agitation autour du Palais de justice.
Le nouveau procès des prisonniers de Biddulph a débuté hier au Palais de justice de cette ville même. Tout l’avant-midi, on a vu arriver par train, diligence et voitures personnelles des dizaines – voire des centaines – de témoins et de jurés pour la tragédie de Biddulph. De plus, les principaux hôtels et leurs environs étaient en proie à une agitation extrême. Même si le procès était prévu pour 11 heures, il a été jugé opportun de reporter l’ouverture du tribunal à 14 heures.
À l’heure déterminée, la salle d’audience s’est remplie de spectateurs, qui avaient tous été admis sur présentation d’un billet. De très nombreux membres de la profession juridique étaient présents et réunis en groupes autour des tables. Les juges, l’Hon. Matthew Crooks Cameron, et l’Hon. Featherstone Osler, ont alors pris place. Le grand constable Groves, avec toute la dignité que lui confère sa position, s’est levé et de sa célèbre voix de stentor a prononcé l’habituel « O-yez, O-yez » etc., et a déclaré la séance dûment ouverte.
Les jurés ont été placés par le grand constable Groves dans l’ordre où ils entraient, le grand jury occupant les sièges avant et le petit jury, ceux qui se trouvaient immédiatement derrière. Le constable a ensuite apporté la maquette de la maison de Wm. Donnelly à Whalen, où John Donnelly a été tué. La carte de Biddulph et le plan du village de Whalen ont également été affichés.
[...] Sa Seigneurie, le juge Cameron, s’est alors adressée au grand jury.
M. le président et membres du grand jury :
Je suis heureux d’être en mesure de vous informer que les circonstances se sont dessinées de façon à ce qu’au cours de cette session spéciale du tribunal, dans la ville de London, vos fonctions soient en effet très simples. Les registres nous montrent que tous les prisonniers actuellement en détention ont déjà comparu devant le dernier grand jury ou devant un grand jury précédent. Vos fonctions en seront donc relativement allégées. Il est regrettable, cependant, que la cour doive se réunir en cette saison de l’année. Les personnes qui sont présentement incarcérées dans la prison commune sont accusées de meurtres d’une nature extrêmement saisissante, un crime pour lequel les lois réclament notre analyse la plus méticuleuse. Les crimes sont d’une nature si grave et ont des conséquences si dangereuses pour les parties accusées qu’ils requièrent notre plus grande attention, jusqu’à ce qu’il soit prouvé que les prévenus sont coupables ou non, car de nombreuses personnes sont impliquées et ces personnes sont en prison depuis une longue période et ont déjà comparu devant les cours du royaume. Le gouvernement dans sa sagesse a conseillé de former une commission afin de tenir cette session à cette saison-ci pour que les accusés soient punis s’ils sont déclarés coupables, ou qu’ils soient relâchés s’ils sont reconnus innocents. [...]
LE PRISONNIER,
Jas. Carroll, qui était menotté, a été amené dans le tribunal et placé au banc des accusés. Dès son apparition, une agitation inhabituelle a parcouru le tribunal et tous les yeux étaient fixés sur lui, curieux de voir dans quel état il se trouvait. Le prisonnier avait l’air légèrement mieux en apparence depuis la dernière séance, et même s’il semblait plutôt tourmenté, le prisonnier se tenait la tête droite et haute. Alors qu’on l’amenait au banc des accusés, avant de s’asseoir, il a regardé avec insistance la salle d’audience, non pas dans une attitude acharnée ou défiante, mais au contraire, plutôt avec anxiété ou l’air de quelqu’un qui ressent vivement que la position et les circonstances où il se trouve annoncent une épreuve. Physiquement, Carroll avait l’air un peu plus en chair et n’avait nullement l’air d’avoir souffert aux mains des autorités carcérales. En s’assoyant, il a étiré ses deux bras de chaque côté de lui sur le banc et, d’un air apparemment nonchalant, a écouté la récusation du jury – dont le déroulement s’est avéré, comme il fallait s’y attendre, très lent et fastidieux, parce qu’un juré sur deux était récusé, et l’on demandait à ceux pour lesquels l’avocat du prisonnier n’avait pas d’objection de se ranger auprès de M. Irving, l’avocat de la Couronne.
LA RÉCUSATION DES JURÉS
Cette pénible et difficile entreprise a commencé à quinze heures pour se terminer vers dix-huit heures. À seize heures trente, seulement six hommes avaient été choisis; à dix-sept heures, on en avait retenu huit et à dix-sept heures trente, le tableau des jurés était enfin complété.
LA LISTE
des jurés désignés pour juger James Carroll accusé du meurtre de Judith Donnelly comptait John Carrothers, Adelaide; William Hooper, Biddulph; Horace Wyatt, Caradoc; John Lamont, Caradoc; Geo. M. Francis, Strathroy; Jas. F. Elliot, Westminster; Dugald Graham, Strathroy; Jas. A. Watterworth, Mosa; Jas. Dores, Westminster; Hopper Ward, Metcalf; Ana Luce, Caradoc; Benj. Kilburn, Delaware.
[...] M. Dingnan a répondu que non; qu’il avait tout simplement dit que si les prisonniers étaient coupables, ils devaient être punis. Il n’a lu aucun journal et n’a jamais pris connaissance de la preuve lors du procès précédent.
M. Macmahon a jugé que de toute évidence, un homme qui ne lisait aucun journal n’était pas un bon juré et lui a demandé de « se retirer ».
[...] Thomas Irwin a admis avoir émis une opinion après avoir lu les témoignages dans les journaux. Il a déclaré « qu’un homme qui lit les témoignages et ne réfléchit pas à ce qu’il a lu est un idiot ». Il pensait être, cependant, en mesure de faire un procès équitable aux prisonniers. Sa Seigneurie lui a demandé de se mettre à l’écart.
[...] La Couronne avait convoqué plus de quatre-vingt-dix témoins et la défense, plus de quarante, et ils ont tous reçu l’ordre de ne pas entrer dans la salle d’audience et de se tenir prêts dans les salles des témoins et les autres salles à l’extérieur dès 9 h 30 ce matin et d’y demeurer jusqu’à ce qu’ils soient appelés. [...]