Tentative d’assassinat à Lucan.
Le constable du village est la cible de coups de feu juste devant sa porte.
IL S’EN EST FALLU DE PEU
Les marchands et les hommes d’affaires de Lucan ont fréquemment protesté contre la publication d’articles portant sur la conduite de certains individus dans ce village, qui ont, par leur mépris volontaire des lois de la terre, apporté le déshonneur sur le nom du village et ses habitants respectueux de l’ordre, et ont sérieusement compromis les chances d’avancement des hommes d’affaires qui y vivent. La faute n’est pas imputable aux journaux, contrairement à ce que l’on suppose. Si un ou plusieurs hommes tentaient de commettre un crime, semblable à celui que l'on rapporte ci-après, n’importe où ailleurs on rapporterait les faits au public exactement comme ils le sont dans ce cas-ci. Tant que le voisinage ne sera pas débarrassé de ces vils personnages, le village ne pourra prospérer. La solution est entre les mains des habitants de Lucan eux-mêmes, et il leur incombe d’agir sans tarder, mais judicieusement, dans le but d’exterminer les membres de la bande qui n’ont pas hésité à offenser les sentiments d’une communauté en tentant d’assassiner un agent de la paix de la manière suivante : entre onze heures et minuit, dans la nuit de lundi, le constable Everett, de Lucan, alors qu’il entrait dans sa demeure, située en face du moulin de Stanley, a été la cible de coups de feu tirés par une personne inconnue, cachée derrière le coin d’une corde de bois, quelque cinquante pieds plus loin. Les chevrotines, au nombre de dix, ont atteint la porte à environ trois pouces de la poitrine de M. Everett; huit se sont enfoncées dans la porte et les deux autres ont transpercé l’épaisse poutre et pénétré dans le hall d’entrée. Le constable, pour la première fois depuis des mois, probablement en raison du clair de lune, n’avait pas son revolver dans la main, mais malgré cela, il est parti en direction de l’assassin, et a découvert à sa grande surprise qu’il n’y en avait pas un, mais trois, qui s’enfuyaient de leur repaire derrière la corde de bois. M. Everett les a poursuivis pendant quelque temps à travers les champs de M. Butler, mais ils avaient pris trop d’avance dès le départ et lui ont échappé – pas avant, cependant, d'avoir jaugé leurs silhouettes.
[...] Le constable s’est peut-être fait des ennemis en exerçant ses fonctions, mais tout homme, ou tout groupe d’hommes, qui peut délibérément rester là à voir un autre homme se faire abattre comme un chien, simplement parce que lui-même, ou l’un de ses amis se fait marcher sur les pieds, mérite d’être exécuté sans délai. M. Everett est tout à fait persuadé que celui qui a tiré sur lui fait partie de la bande impliquée dans le récent complot pour délivrer un prisonnier de la prison locale, et nous sommes confiants que les villageois honnêtes viendront l’aider et feront tout en leur pouvoir pour découvrir l’auteur d’un acte aussi gratuit et barbare.