Le meurtre Curtis, rapport du magistrat sur l’enquête
Maple Bay, 11 janv. 1869
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous transmettre un compte rendu de l’investigation menée dans la cause du meurtre du défunt Giles Curtis de Salt Spring Island. Le lundi, quatre janvier je me suis rendu à bord du navire de sa majesté, le Sparrowhawk et j’en suis débarqué à Salt Spring Island. Après avoir effectué des enquêtes auprès des colons j’en fis venir trois à bord du navire et je les interrogeai en présence du capitaine Mist, le sept, nous nous rendîmes à Kuper Island et, accompagné d’une garde assurée par le capitaine Mist, je débarquai au Plenelakut [Penelakut] Ranch. Je fis procéder à une fouille complète du ranch en vue d’y découvrir n'importe lequel des biens dérobés dans la maison du défunt, mais la recherche fut vaine.
La tribu Plenelakut est une tribu très forte et d’un mauvais caractère. Je fis venir leur chef et trois Indiens à bord du navire, après les avoir interrogés, je retournai à Salt Spring Island où je débarquai de nouveau et je fis monter certains colons pour voir s’ils pourraient identifier les Indiens comme étant ceux qui avaient proféré des menaces à l’intention des trois colons qui revenaient de Nanaimo le jour précédant le meurtre, mais ils ne pouvaient pas en jurer. Les Indiens arrêtés étaient des parents des Indiens tués par les Kanakas à Nanaimo, je suis porté à croire que l’Indien nommé Jim est impliqué dans le meurtre puisqu’il avait vécu sur l’île un certain temps et qu’il s’est absenté le jour après le meurtre et qu’il est le frère de l’Indien qui se trouve présentement en prison pour le meurtre de la femme [Pol at lec?]. J’ai donné des directives pour qu’il soit arrêté aussitôt qu’on le trouvera.
J’ai l’honneur d’être,
Monsieur,
votre dévoué serviteur
Jno Morley
Offrez une récompense de 250 $ pour la découverte des meurtriers
[J.P.?]
23 janv. 69
Sec. Col.
Salt Spring Island
Colonie de Colombie-Britannique
À savoir
L’interrogatoire de Henry Sampson, Howard Estes, John Norton, John P. Booth, Jacob, un Indien, Kal se que, Se quar, Pe hack et Henry [Shove?], à bord du navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le lundi quatre et les jeudi et vendredi sept et huit janvier mille huit cent soixante-neuf par-devant moi, John Morley, un des juges de paix de sa majesté pour la colonie citée en marge
Jno Morley
J.P.
Salt Spring Island, le lundi quatre janvier mille huit cent soixante-neuf.
Henry Sampson ayant été assermenté, a déclaré, j’ai été informé du meurtre vers cinq heures dimanche soir, mais je ne suis pas allé à la maison avant le lendemain. J’ai examiné le plancher de la maison, mais je n’ai pas trouvé d’empreintes de pieds. J’avais cru comprendre que le défunt Giles Curtis possédait une certaine somme d’argent. Je crois que ce sont les Indiens qui ont commis le meurtre et qu’un Indien nommé Jim pourrait savoir quelque chose à ce sujet. D’après mon enquête, je vois que l’Indien n’a pas été vu sur l’île depuis le meurtre. On rapporte parmi les Indiens d’ici que certains Indiens de la tribu Plenelakut auraient commis le meurtre. Je crois qu’en se rendant à leur campement et en fouillant, on retrouverait certains des articles manquants.
Signé
Henry Sampson
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Salt Spring Island, le lundi quatre janvier mille huit cent soixante-neuf.
Howard Estes ayant été assermenté, a déclaré, j’ai quitté la maison pour me rendre à l’église vers 10 heures du matin Giles Curtis était alors très bien. Lorsque je suis retourné, j’ai trouvé la barrière du jardin ouverte et le bétail qui mangeait les choux. J’ai pensé que quelque chose n’allait pas et je me suis rendu dans la maison où j’ai trouvé Curtis étendu mort sur le plancher, je ne suis pas arrêté pour l’examiner, mais j’ai couru directement, d’abord à la maison des Wall, il y avait trois colons dans la maison des Wall, je leur ai demandé de venir avec moi examiner le mort, mais ils ont refusé de venir ce soir-là. J’ai vu que mon coffre avait été ouvert et que tous les vêtements avaient été dérobés, mais une bourse d’argent avait été laissée. J’ai vu qu’il me manquait environ dix chemises et deux haches neuves en plus des autres choses mentionnées lors de l’enquête.
Signé,
Howard Ester
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Salt Spring Island, le lundi quatre janvier mille huit cent soixante-neuf.
John Norton ayant été assermenté, a déclaré, je pourrais identifier un des Indiens qui m’ont menacé alors que je revenais de Nanaimo, comme j’ai déclaré à l’enquête, mais pas les autres. Je ne les ai pas revus depuis. Je n’ai pas vu l’Indien [Jim] depuis le meurtre. L’Indien [Jim] connaît les Indiens qui m’ont menacé.
Signé,
John Norton
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Salt Spring Island, le lundi quatre janvier mille huit cent soixante-neuf .
John P. Booth ayant été assermenté, a déclaré, je n’étais pas à l’église le dimanche treize décembre dernier et je ne puis pas dire qui y était. J’étais à la maison, le matin, mais je suis allé à Begg's Settlement dans l’après-midi. Alors que j’étais là, Buckner est venu chez les Griffiths et m’a dit que Curtis avait été tué c’était la première fois que j’entendais parler du meurtre.
Signé,
J.P. Booth
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le jeudi sept janvier mille huit cent soixante-neuf.
Jacob, un Indien de Plenelakut, plusieurs Indiens m’ont dit qu’un Blanc avait été tué à Salt Spring. Je ne sais pas qui a commis le meurtre. Je n’ai rien vu de ces choses. Je n’ai pas vu un fusil étranger dans le camp. Après les meurtres de Nanaimo, sept hommes sont partis du Plenelakut Camp et ont ramené les corps pour les enterrer. Les Indiens nommés [Kul ke see, et Se quar] sont allés à Nanaimo pour ramener les corps, mais ils n’ont pas quitté le camp depuis.
Signé,
Jacob
sa marque X
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le jeudi sept janvier mille huit cent soixante-neuf.
Kul ke see, un Indien de Plenelakut a déclaré, j’étais à Nanaimo il y a environ un mois, il n’y avait que nous deux quand nous sommes revenus. Nous sommes retournés peu après, dans un grand canot, nous étions dix dans le canot. Je n’ai pas vu l’Indien Jim en revenant. Je n’ai pas vu l’Indien nommé Jim depuis longtemps. Je ne suis pas allé à Salt Spring Island depuis longtemps. J’ai entendu dire qu’un Blanc avait été tué à Salt Spring Island. Plusieurs Indiens me l’ont dit. Je suis allé à Plumper's Pass depuis les meurtres de Nanaimo. J’y suis allé un jour et je suis revenu la même journée. Mon frère Se quar est venu avec moi, personne d’autre.
Signé,
Kul ke see
Sa marque
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le jeudi sept janvier mille huit cent soixante-neuf.
Se quar, un Indien de la tribu Plenelakut a déclaré, je suis allé à Nanaimo lorsque Peter les Kanakas ont tué sa femme. J’ai aidé à ramener les morts. Nous étions sept dans le canot. Je n’ai pas vu Jim l’Indien lorsqu’on est descendus avec les morts. Il faisait noir et je ne pouvais pas voir. Il ne faisait pas noir quand nous avons quitté Nanaimo, mais il faisait noir quand nous avons traversé les rapides. Je ne suis pas allé à Plumpers Pass depuis les meurtres de Nanaimo. Je n'ai pas été de la maison, je n’ai jamais entendu parler d’un Blanc qui aurait été tué à Salt Spring Island.
Interrogé de nouveau Je suis allé à Plumpers Pass depuis les meurtres de Nanaimo. Je suis allé une journée et je suis revenu le lendemain.
Signé,
Se quar
sa marque X
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Jacob, l’Indien, examiné de nouveau a déclaré : je me rappelle que Se quar et Kal ke ser sont allés à Plumper's Pass il y a peu de temps. La raison pour laquelle j’ai dit qu’ils n’avaient pas quitté le camp ou la maison, c’est que je n’avais pas compris la question.
Jacob
Sa marque
Navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le jeudi sept janvier mille huit cent soixante-neuf .
Pe ack, le chef de la tribu Plen el a kut a déclaré : j’ai entendu les Indiens dire qu’un Blanc avait été tué à Salt Spring Island. Je ne sais pas quel Indien me l’a dit. Si je savais qui a commis le meurtre, j’aiderais à le prendre. J’ai dit la vérité. Je ne sais pas qui a commis le meurtre si je le savais, je le dirais comme je l’ai fait par le passé.
Signé,
Pe ack
sa marque X
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le jeudi sept janvier mille huit cent soixante-neuf.
John Norton, interrogé de nouveau a déclaré : je vois les Indiens maintenant présentés à la cour. Je ne pourrais pas jurer que ce sont les Indiens qui m’ont menacé lors de mon retour de Nanaimo. Un des Indiens ressemble à l’un d’eux, mais la femme qui est maintenant en cour n’est certainement pas celle qui les accompagnait.
Signé,
John Norton
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Navire de sa majesté, le Sparrowhawk, le jeudi sept janvier mille huit cent soixante-neuf.
Henry Shove, ayant été assermenté, a déclaré, je vois les Indiens présentés en cour, mais je ne pourrais pas jurer que ce sont les Indiens qui ont eu un langage menaçant à notre égard, lors de notre retour de Nanaimo.
Signé,
Henry Shove
Noté et assermenté par-devant moi
à Salt Spring Island le jour
et la date susmentionnés
Jno Morley
J.P.
Maple Bay, 27 janv. 1869
Monsieur,
À mon retour de Victoria, j’ai entendu dire que l’Indien nommé Jim vivait sur la côte est de Salt Spring Island. Je m’y suis rendu avec le constable, en vue de fouiller sa maison, il semble dire la vérité à son sujet, il dit qu’il est revenu de Nanaimo avec Norton et qu’il l’a débarqué près de sa maison (celle de Norton) le dimanche matin, puis s’est rendu à Maple Bay pour acheter de la farine et est revenu à sa maison le soir alors que les colons sont venus l’informer du meurtre, le lendemain. Il dit qu’en revenant de Nanaimo, aucun Indien n’a menacé les colons, mais que les colons ont maltraité les Indiens qui s’étaient servi de leur hache et il voulait qu’ils s’en aillent avant d’en venir aux coups; j’ai fait de nombreuses enquêtes auprès de différents Indiens, mais je n’obtiens aucun renseignement en ce qui a trait au meurtre. Je crois que l’offre d’une récompense pourrait mener à la découverte des meurtriers, car je crois que plus qu’une personne y est impliquée. Je vais quand même continuer de faire des enquêtes où ce sera possible.
J’ai l’honneur d’être,
Monsieur,
votre dévoué serviteur
Jno Morley