Tailleur de pierre – Enquête du coroner
Maple Bay, 12 sept. 1867
L’honorable
Secrétaire colonial de la C.-B.
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous informer que conformément à vos instructions je me suis rendu à Salt Spring Island afin d’enquêter sur l’affaire du présumé meurtre. J’ai constaté après enquête que ni MacFadden ni Starks ne pouvaient fournir plus de détails que ceux fournis par le témoin Williams lors de l’enquête du coroner. Lorsque Williams a informé McFadden que les hommes de couleur étaient à la maison de pierre, il (MacFadden), en accord avec Starks et Hudson, est allé trouver les hommes pour voir ce qu’ils faisaient et leur demander où ils avaient eu le cochon qui était alors suspendu dans la maison, ils ont dit qu’il s’agissait d’un cochon sauvage et qu’ils l’avaient tué à Maple Bay. On était alors le 23 décembre, en se rendant à la maison le lendemain avec d'autres colons les hommes de couleur étaient partis et on ne les a plus revus, le toit de la maison n'était pas brûlé à ce moment-là et il n’était pas allé à la maison de pierre plus de deux fois au cours de la dernière année, le 23 décembre et le jour de l’enquête, mais c’est bien connu que son troupeau se nourrit dans ces environs et que lui-même s’y rend presque toutes les semaines, il est mulâtre et c’est un homme excitable et violent et on l’a entendu employer un langage menaçant pour dire ce qu’il ferait s’il prenait quelqu’un à voler son bétail. Le jeune Williams qui est d’un tempérament pour le moins nonchalant travaille pour lui depuis Noël. D’après les observations que j’ai faites sur place je crois qu’aucun soupçon ne peut peser sur Griffiths qui souhaitait qu’on fasse toute la lumière sur l’affaire puisqu’il croyait que Jacob Peter l’avait accusé d’être le meurtrier. Je suis enclin à croire que le jeune Williams en sait plus sur cette affaire mais il n’y a aucune preuve contre lui en ce moment. L’homme qui a supposément été assassiné avait déserté un bateau américain et [illisible] est connu tant à Salt Spring Island qu’à Nanaimo.
Voici dans quelles circonstances [Thos?] Griffiths a été aperçu dans les environs avec un chien et un fusil. Au mois d’avril MacFadden, Starks, Williams et un Indien du nom de [illisible] partaient de la colonie de Begg pour se rendre à la ferme de Starks à bord d’un canot, environ un mille avant d'arriver à la vieille maison de pierre ils ont vu Griffiths qui marchait près de l’eau avec son chien et un fusil ils lui ont parlé, il a dit qu’il avait perdu quelques-unes de ses vaches et qu'il était à leur recherche, ils sont alors arrivés à la hauteur de la vieille maison de pierre qui était en train de brûler, cette maison est située à un mille au nord de la maison dans laquelle le corps de l’homme a été retrouvé, la conversation avec l’Indien a eu lieu trois jours après cela. L’homme qui a donné le nom de Peter Jacobs à M. Spalding se faisait appeler [Hemich?] lorsqu’il résidait là-bas mais il n’y est plus désormais. Thos Griffiths qui semble être un homme très respectable a dit que son troupeau avait l’habitude de se nourrir près de la maison de pierre et qu’il passait souvent près de celle-ci lorsqu’il cherchait ses bêtes, et qu’en passant tout près aux environs de la mi-janvier il a remarqué que le toit avait été brûlé. Après avoir questionné Starks il a déclaré que son troupeau n’allait jamais dans cette direction.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très dévoué serviteur
Jno Morley, juge de paix
Je ne crois pas qu’autre chose puisse être fait à présent.
N.Y. 16 sept.
[illisible]
Moi non plus. Il est préférable de consulter le procureur général.
[J.B.?]
17 sept. 67
Sec. col.
Cowichan, 13 août 1867
L’honorable
Secrétaire colonial
New Westminster
Monsieur
J’ai l’honneur de vous transmettre une copie du déroulement de l’enquête du coroner menée à Salt Spring Island concernant le corps d’un homme retrouvé dans la maison de la carrière de pierre, ladite maison est située à deux ou trois milles de la colonie de Begg au nord de l’île elle est en ruine [ayant?] été la proie des flammes il y a quelque temps.
Il ne fait aucun doute que l’homme retrouvé était l’un des responsables des nombreux méfaits commis contre le cheptel de la colonie l’an dernier.
Le témoin Williams est à moitié indien et a environ 16 ou 17 ans et a résidé à Salt Spring Island quelque temps.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre dévoué serviteur.
Jno Morley
Salt Spring Island
[Colonie?] de la Colombie-Britannique
Attendu que :
Une enquête du coroner concernant un homme, de nom inconnu, a été menée à la maison de la carrière de pierre de Salt Spring Island le vendredi neuvième jour d’août de l’an mil huit cent soixante-sept, devant moi, Jno Morley un des juges de paix de Sa Majesté pour la colonie mentionnée dans la marge, coroner par intérim pour le district de Salt Spring Island et les jurés suivants,
Thomas Griffiths; président
Jonathan Norton
John Jones
John Booth
Armstead Buckner
Frederick Lester
Ayant été assermenté, le jury a entrepris d’examiner le corps après quoi les témoins suivants ont été interrogés.
Jno Morley, juge de paix
Coroner par intérim
Salt Spring Island, le vendredi neuvième jour d’août mil huit cent soixante-sept,
James Ogilvie ayant prêté serment [attesté par déposition] a déclaré,
Je suis le capitaine du navire Industry, le vendredi deuxième jour d’août j’étais à la maison de la carrière de pierre pour transporter une cargaison de pierre à New Westminster. Je suis entré dans la maison et j’ai remarqué que le plancher s’était quelque peu affaissé. J’ai pris une pelle et j’ai creusé un peu et j’ai trouvé le corps d’un homme. Je l’ai alors recouvert et j'ai fait une déposition auprès du constable.
(Signé)
James Ogilvie
Déclaration faite sous serment par-devant moi à Salt Spring Island le jour et la date mentionnés précédemment.
Jno Morley, juge de paix
Coroner par intérim
Salt Spring Island, le vendredi neuvième jour d’août mil huit cent soixante-sept
Henry Sampson ayant prêté serment, je suis constable, le mercredi septième jour d’août j’ai recueilli une déposition à l’effet que le corps d’un homme avait été retrouvé enterré dans la maison de la carrière de pierre de Salt Spring Island. J’ai aidé à dégager le corps et constaté qu’il était dans un état de décomposition trop avancé pour être identifié. J’ai su qu'il s'agissait du corps d'un homme de couleur par ses cheveux. Je n’ai jamais entendu dire que quelqu’un avait été enterré là. Je l’ai trouvé enterré avec ses vêtements, il était enterré près de la surface avec environ six pouces de terre par-dessus lui.
Il y avait là trois hommes en décembre dernier qui étaient venus à bord d’un bateau dans le but de chasser mais ils ne sont pas restés longtemps puisqu’on les soupçonnait d'abattre du bétail. J’ai fait émettre un mandat d’arrêt contre l’un deux pour avoir volé un fusil à canon double mais je n’ai pas pu l’attraper, ils se sont déplacés vers un des [illisible] de l’île. Un des hommes se nommait [Hogin?]. Le cadavre que j’ai trouvé portait un pantalon de tweed rayé et des souliers, il paraissait être un homme d’environ cinq pieds neuf pouces et avait toutes ses dents.
(Signé)
Henry Sampson
Déclaration faite sous serment par-devant [moi] à Salt Spring Island le jour et la date mentionnés [précédemment],
Jno Morley, juge de paix
Coroner par intérim
Salt Spring Island, le vendredi neuvième jour d’août mil huit cent soixante-sept
Edward Williams a déclaré sous serment, je suis parti de Victoria par bateau avec deux hommes en décembre dernier pour arriver à la maison de la carrière de pierre de Salt Spring Island un se nommait [Hogin?], l’autre Bill, ils ont dit qu’ils allaient à la chasse. Je suis sorti le premier jour pour abattre des canards, lorsque je suis rentré j’ai vu un cochon dépouillé suspendu dans la maison, ils m’ont dit que c’était un ours, je ne suis resté avec eux que deux jours mais je suis allé chez MacFadden. Je suis retourné voir les hommes le lendemain pour récupérer mes vêtements mais ils n’ont pas voulu me les donner. J’avais un chien avec moi ils m’ont dit qu’ils allaient m’abattre si je ne le leur donnais pas. J’ai refusé et [Hogin?] a pris le fusil pour le faire, l'autre homme a essayé de le lui enlever j'ai couru dans les broussailles et ne les ai plus revus. J’ai vu le cadavre de l’homme maintenant mort. Le corps de l’homme est trop décomposé pour que je puisse le reconnaître, mais les vêtements correspondent à la description de ceux que portait Bill, ils étaient tous deux des hommes de couleur. Bill mesurait environ cinq pieds neuf il portait des souliers, les souliers aux pieds du corps que je viens de voir sont les mêmes, ils avaient une pelle et une hache en leur possession, ils se querellaient souvent entre eux. J’habite maintenant avec MacFadden, je leur ai demandé de m’amener en bateau à partir de Victoria car je voulais me rendre chez MacFadden.
Edward Williams
Sa marque X
Déclaration faite sous serment par-devant moi à Salt Spring Island le [jour] et la date mentionnés précédemment,
Jno Morley, juge de paix
Coroner par intérim
Salt Spring Island, le vendredi neuvième jour d’août mil huit cent soixante-sept
Décision du jury
Nous rendons un verdict de mort sans aucune preuve expliquant comment il a trouvé la mort,
Signatures des jurés
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Prise par-devant moi à Salt Spring Island le [jour] et la date mentionnés [précédemment].
Jno Morley, juge de paix
Coroner par intérim
[...] à W Spalding de mener l’enquête, mais j’estime qu’aucune dépense ne devrait être encourue dans le processus. [Le?] Sir James Douglas pourrait le [déposer?] sur l’île près de [l’endroit?] où ses recherches pourraient [illisible] d’être menées.
[initiales illisibles]
28 août 67
Sec. col.
Son Excellence a-t-elle remarqué que le président du jury dans cette affaire est apparemment l’homme soupçonné d’avoir commis le meurtre – s'il s'agit bien d'un meurtre. Il serait moins coûteux d'envoyer M. Morley à Saltspring Island que de faire venir M. Spalding — puisque le Douglas ne pourrait pas [illisible] l’attendre, et il devrait soit revenir en canot soit attendre que le Douglas remonte la semaine suivante. Les dépenses de voyage de M. Morley n’excéderaient peut-être pas 10 $.
Le verdict rendu par le jury du coroner et l'information [illisible] amassée jusqu’ici suggèrent qu'aucune action ne devrait être entreprise hormis que — si l’information contenue dans la lettre de M. Spalding s’avère exacte — le président aurait peut-être [incité?] le jury à rendre le verdict qu'il a rendu.
[N.Y.?]
29 août
M. Morley ou M. Spalding pourrait [se renseigner?].
[initiales illisibles]
2 sept. 1867
Sec. col.
M. Morley écrit à [illisible].
La lettre de M. Spalding lui est transmise
2 sept.
[initiales illisibles]
Cette affaire est on ne peut plus insatisfaisante, et le verdict rendu à la suite de l’enquête du coroner semble absurde – en ce sens que, lors de l’examen du corps, malgré l’état de décomposition, on présume qu’une blessure ou une cause [probable?] de mort aurait été détectée par un examen minutieux. Mes propres soupçons sont dirigés vers l’homme appelé [Starks?]. Probablement que le jeune Williams, s’il était appréhendé et interrogé rendrait un témoignage qui permettrait d’établir clairement si le défunt était véritablement un voleur de bétail, et aurait été prêt à tuer Williams pour avoir son chien, je ne crois pas qu’il serait justifiable que le gouvernement alloue des sommes importantes à cet effet.
H.P.P. Crease, procureur général
18 sept. 1867